La véritable foi chrétienne : croire de tout son être

Il existe plusieurs manières de croire en Dieu, plusieurs manières de croire en Jésus-Christ. Or, le don du Christ aux hommes, sous condition de la foi, c’est la vie éternelle : de quoi s’agit-il, et comment faut-il croire en Dieu et en Jésus-Christ pour obtenir cette promesse ?

1.La vie éternelle par la foi au nom du Fils de Dieu

1.1.Ce qu’est la vie éternelle : la connaissance de Dieu

Dans ce qui est peut-être la relation de la prière la plus importante de Jésus-Christ à son Père, nous avons une définition du principe même de la vie éternelle :

1 Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit: Père, l’heure est venue! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, 2 selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. 3 Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

Evangile selon Jean, Chapitre 17, versets 1 à 3

Au-delà donc et en amont de l’espérance chrétienne de la résurrection du corps pour une vie incorruptible et bienheureuse, le Christ place le principe même de la vie éternelle dans la connaissance de Dieu. C’est cette connaissance qu’Adam et Eve ont rejetée en Eden, en désobéissant au seul commandement qui leur était donné, et par lequel ils devaient, par un choix conscient et volontaire, affirmer leur volonté de demeurer dans cette connaissance. Et c’est la privation de la vie perpétuelle du corps qui fût le principe de leur châtiment, lorsqu’ils furent chassés du jardin, étant ainsi privés d’accéder à « l’arbre de vie », de peur « qu’ils ne vivent éternellement » (Genèse 3,22). La vie éternelle commence donc dans l’esprit de l’homme, lorsqu’il accepte de recevoir la connaissance que Dieu donne de lui-même, autrement dit lorsqu’il accepte de recevoir la révélation de Dieu, ce qui, comme l’a bien vu Karl Barth (Dogmatique II), est le principe même de la foi (voir Qu’est-ce que la foi ? Croire en la révélation de Dieu).

1.2.La vie éternelle s’obtient par la foi, réceptivité à la révélation de Dieu

Le Christ ne dit pas autre chose dans l’évangile selon Jean, où il fait de la foi en Dieu le Père et en lui-même le principe même de la vie éternelle, et donc de la connaissance de Dieu; par exemple, lorsqu’il s’adresse à Nicodème pour l’enseigner sur la « nouvelle naissance » :

13 Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. 14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, 15 afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

Evangile selon Jean, Chapitre 3, versets 13 à 16

Si nous assemblons les enseignements des deux textes précédents, nous pouvons conclure que par la foi, on entre dans la connaissance de Dieu, laquelle est le principe de la vie éternelle. Ainsi, les mêmes principes sont à l’oeuvre depuis le commencement du monde : c’est d’abord par son esprit que l’homme peut vivre éternellement, et cette vie éternelle de l’esprit gît dans la connaissance de Dieu, dont le commencement et le principe est la foi, c’est-à-dire la réception de la révélation que Dieu donne de lui-même. La vie perpétuelle du corps, offerte en Eden comme un prolongement de la vie naturelle et offerte en Jésus-Christ comme une espérance surnaturelle au-delà de la mort naturelle, est l’expression corporelle de la vie éternelle.

2.Différentes manières de croire

2.1.Croire : recevoir et garder la parole de Dieu

Ce qu’annonce le Christ par son enseignement, c’est « la parole de Dieu », c’est-à-dire un enseignement qui vient de Dieu lui-même. Dans la suite du texte déjà cité, Jésus confesse ainsi à son Père que ses disciples, sans doute les onze apôtres ici (douze moins Judas), ont reçu cet enseignement et l’ont gardé :

6 J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’a donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole. 7 Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi. 8 Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.

Evangile selon Jean, Chapitre 17, versets 6 à 8

Le vocabulaire employé fait écho à l’interprétation de la fameuse « parabole du semeur », qui détaille les différentes manières possibles de réagir à l’écoute de la semence qu’est cette parole de Dieu, et dont la version la plus explicite se trouve dans l’évangile selon Luc :

4 Une grande foule s’étant assemblée, et des gens étant venus de diverses villes auprès de lui, il dit cette parabole: 5 Un semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin: elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent. 6 Une autre partie tomba sur le roc: quand elle fut levée, elle sécha, parce qu’elle n’avait point d’humidité. 7 Une autre partie tomba au milieu des épines: les épines crûrent avec elle, et l’étouffèrent. 8 Une autre partie tomba dans la bonne terre: quand elle fut levée, elle donna du fruit au centuple. Après avoir ainsi parlé, Jésus dit à haute voix: Que celui qui a des oreilles pour entendre entende!

Evangile selon Luc, Chapitre 8, versets 4 à 8

La semence du semeur tombe dans quatre endroits possibles, différents les uns des autres, et subit ainsi quatre destins différents :

  1. Une partie tombe « le long du chemin » et est détruite, foulée aux pieds et mangée par les oiseaux
  2. Une partie tombe « sur le roc » et lève immédiatement mais sèche, faute d’humidité
  3. Une partie tombe « parmi les épines » et ne peut survivre, étouffée
  4. Une partie tombe dans de la bonne terre, et croît et fructifie abondamment.

2.2.La véritable foi est spirituelle

De ces quatre situations différentes, seule la dernière correspond à ce à quoi la semence est destinée : produire une vie abondante et fructueuse; par contraste, elle finit par mourir dans les trois autres cas. L’explication de cette parabole par Jésus lui-même est donnée en réponse à la demande de ses disciples, et contient une description explicite de différentes manières de recevoir la parole de Dieu et de croire en elle :

11 Voici ce que signifie cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu. 12 Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent; puis le diable vient, et enlève de leur coeur la parole, de peur qu’ils ne croient et soient sauvés. 13 Ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole, la reçoivent avec joie; mais ils n’ont point de racine, ils croient pour un temps, et ils succombent au moment de la tentation. 14 Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, s’en vont, et la laissent étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne portent point de fruit qui vienne à maturité. 15 Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole avec un coeur honnête et bon, la retiennent, et portent du fruit avec persévérance.

Evangile selon Luc, Chapitre 8, versets 11 à 15

Ainsi, la parabole signifie que lorsque les hommes entendent la parole de Dieu, ils peuvent réagir de diverses manières :

  1. Après l’avoir entendue, certains l’oublient, le diable l’enlevant de leur coeur : ils ne croient pas et n’accèdent pas au salut
  2. Après l’avoir entendue, certains la reçoivent avec joie, mais ne croient que pour un temps et abandonnent face à l’épreuve
  3. Après l’avoir entendue, certains ne la laissent pas fructifier, et elle étouffe au milieu de leurs préoccupations
  4. Après l’avoir entendue, certains la reçoivent honnêtement, la retiennent et y persévèrent de manière fructueuse.

Seule la dernière attitude caractérise ce que dit le Christ de ses apôtres en Jean 17,6-8 : recevoir la parole de Dieu et la retenir (la garder). Ceux qui ont reçu la parole « avec joie » ont eu une réaction émotionnelle, mais n’avaient pas de « racine en eux-mêmes », et ceux qui l’ont laissée étouffer n’y ont pas persévéré jusqu’à ce qu’elle porte le fruit escompté. Par contraste, ceux qui la reçoivent « avec un coeur honnête et bon » ne réagissent pas de manière seulement psychologique ou intellectuelle, mais avec leur coeur, siège des motivations et de la spiritualité(plutôt que des émotions et des sentiments) dans l’Ecriture. C’est ainsi qu’on croit véritablement à la parole de Dieu, lorsqu’on la reçoit de manière spirituelle, c’est-à-dire du fond de son être, comme ce qu’elle est véritablement : la révélation de Dieu. Une telle réaction n’exclut pas la psychologie de l’homme, mais elle s’enracine en son esprit, la dimension de son être qui est capable de la connaissance de Dieu et qui persiste au-delà de la mort. C’est en effet dans ce registre cognitif que s’exprime le passage parallèle que l’on trouve dans l’évangile selon Matthieu :

Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend; il porte du fruit, et un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente.

Evangile selon Matthieu, Chapitre 13, verset 23

3.Croire pour un temps ou croire pour de bon

3.1.La connaissance de Dieu procède de la foi qui persévère

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