Que signifie « naître de nouveau » dans la Bible ?

Naître de nouveau signifie commencer une nouvelle vie spirituelle, laquelle consiste à connaître Dieu par la foi et à conduire sa vie sous la direction de l’Esprit.

1.Le texte biblique : Jésus rencontre Nicodème

L’expression « naître de nouveau » n’existe que dans un seul texte biblique, qui se trouve dans le Chapitre 3 de l’évangile selon Jean : il s’agit de l’entretien de Jésus avec Nicodème, « sympathisant » d’entre les pharisiens (chefs religieux), et venu courageusement interroger le Christ sur son enseignement pendant la nuit :

1 Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs,
2 qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui.
3 Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.
4 Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ?
5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit.
7 Ne t’étonne pas de ce que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau.
8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit.

Evangile selon Jean, Chapitre 3, versets 1 à 8

En lisant simplement ce texte, on peut faire quelques remarques élémentaires :

  • Jésus explique lui-même que ce qu’il entend par « naître de nouveau », c’est « naître d’eau et d’Esprit » (v5); laissant de côté la question de l’eau (qui divise les exégètes), retenons qu’il répète ensuite qu’il s’agit essentiellement de « naître de l’Esprit » (v6–8); ainsi, il s’agit d’une métaphore pour parler d’une naissance spirituelle
  • Contrairement à ce que comprenait littéralement Nicodème (v4), il n’est pas question de renaître dans un sens physique, et il y a une opposition entre naître de la chair et naître de l’Esprit (v6) : il faut donc comprendre que cette naissance spirituelle est autre chose que la naissance naturelle, c’est pourquoi elle doit intervenir « en plus », c’est-à-dire « à nouveau »
  • Il s’agit d’une condition pour voir le royaume de Dieu (v3) et pour y entrer (v5), et celui qui est passé par cette « nouvelle naissance » est mystérieusement dirigé par l’Esprit, dont on ne peut discerner les voies, comme on ne peut voir le vent (v8; les mots « esprit » et « vent » traduisent le même mot grec pneuma)

2.Signification de la « nouvelle naissance »

Ce texte fait partie d’une série de récits de rencontre du Christ avec certains de ses contemporains, sélectionnés avec soin par l’apôtre Jean pour composer son évangile. Les thèmes de ces récits sont tous liés dans une même finalité, laquelle est livrée à la fin du Chapitre 2 du même évangile :

30 Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.

Evangile selon Jean, Chapitre 20, versets 30-31

Si nous comprenons la rencontre entre Jésus et Nicodème dans cette perspective, la « nouvelle naissance » dont il est question, est une naissance spirituelle à une vie nouvelle, la « vie éternelle » dont parle abondamment cet évangile, qu’on reçoit ici essentiellement par la foi en Jésus-Christ, et dont la résurrection des corps est l’aspect « eschatologique » (ayant trait à la fin de l’histoire) qui participe à l’espérance chrétienne. Les deux thèmes de la foi et de la naissance sont d’ailleurs associés explicitement dans le prologue de l’évangile selon Jean :

12 Mais à tous ceux qui l’ont reçue [la lumière, c’est-à-dire la vie qui est dans le Logos], à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés,
13 non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

Evangile selon Jean, Chapitre 1, versets 12-13

Nous retrouvons ainsi comme motif essentiel de cet évangile, l’idée que tout homme, par opposition à sa naissance naturelle, à ses propres efforts ou à un acte religieux (v13), peut passer par une renaissance spirituelle, grâce à la foi qui fait de lui un « enfant de Dieu » (v12), figure qui renvoie également à l’enseignement, c’est-à-dire à la direction, de l’Esprit.

3.Nouvelle naissance et Royaume de Dieu

Le « royaume de Dieu » ou « royaume des cieux » (expressions analogues dans les quatre évangiles bibliques), que je ne distingue pas ici, est un thème évangélique qui fait référence à l’avènement de l’autorité de Dieu dans le monde, et dont les ramifications se trouvent dans toute la Bible, de la Genèse à l’Apocalypse.

Notons simplement ici que lorsque le Christ fait référence au « royaume de Dieu », il en parle comme de quelque chose qui possède deux propriétés essentielles :

  • Il s’agit d’un royaume « à venir« , qui manifestera le jugement de Dieu sur le monde et son autorité sur toutes choses, à travers le second avènement du Christ (penser au « Notre Père », qui commence par : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite »…)
  • Au présent, il s’agit d’une réalité invisible, intérieure, qui ne s’impose pas de manière spectaculaire, religieuse ou politique, mais est appelée à prendre racine et grandir librement dans le coeur des hommes.

Ainsi, si le « royaume de Dieu », promis comme espérance par le Christ à ceux qui croient en lui est une réalité ultime, qui marque la fin de l’histoire et forme avec la vie éternelle l’horizon de l’espérance chrétienne, sa manifestation vient de manière progressive, et dans le temps présent par la foi, dans la vie spirituelle du croyant. Celui-ci entre, par une « nouvelle naissance », dans ce royaume où conduit par l’Esprit, il doit devenir un « disciple », c’est-à-dire littéralement un « apprenti », de la volonté divine, ce qui est l’expression morale de la connaissance de Dieu, laquelle est le principe de la vie éternelle :

1 Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie,
2 selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
3 Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.

Evangile selon Jean, Chapitre 17, versets 1-3

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