Schéma d’une théologie protestante de l’Evangile

Nous proposons ici quelques lignes directrices d’une théologie évangélique, c’est-à-dire d’une théologie protestante de l’Evangile

Introduction : sources et influences multiples

Dans l’article « Qu’est-ce qu’une théologie évangélique », nous avons distingué trois dimensions concentriques : l’Evangile, la doctrine chrétienne et la philosophie. Ici nous esquissons le schéma de ce que pourrait être une telle théologie. Nous puisons à des sources et avons reçu des influences multiples, dont nous sélectionnons ici trois représentants particuliers appartenant à trois traditions protestantes nettement différenciées. Ils ont en commun une volonté de fortement conceptualiser le « message chrétien », avec des motivations différentes : missionnaire, apologétique, philosophique.

a. L’Evangile

En ce qui concerne la développement théologique de l’Evangile apostolique, nous suivons le schéma général développé par le missionnaire et théologien évangélique Tom Julien dans son volume « Strategic Alliance for Leadership Training » (en français : « Stratégie pour l’éducation des leaders ») et dans plusieurs cours de son Institut Biblique Décentralisé. Ce schéma focalise sur le cycle de la création et de la rédemption de l’homme, et les conséquences de celle-ci sur l’engagement existentiel et ecclésial du chrétien : on y articule déjà l’Evangile et la doctrine chrétienne.

b. La doctrine chrétienne

Si le coeur de la théologie évangélique reste en effet la reconstitution d’une « saine » doctrine chrétienne apostolique à partir d’une interprétation systématique de l’Ecriture, nous devons adopter une classification scientifique des différentes « doctrines » conçues comme champs conceptuels de la dogmatique. Nous suivrons ici essentiellement la division adoptée par le théologien et apologète réformé Cornelius Van Til, en l’amendant pour faire place à l’approche adoptée ici.

c. Théologie et philosophie

En suivant le théologien luthérien et philosophe existentialiste Paul Tillich dans son oeuvre phare (sa « Théologie systématique »), nous proposons que la théologie évangélique doit être à la fois kérygmatique (c’est-à-dire présenter le « message chrétien », en principe l’Evangile) et apologétique (c’est-à-dire rendre compréhensible ce message dans la situation actuelle). Une telle théologie doit donc, d’après Tillich, mettre en « corrélation » les questions qui se posent dans la situation de l’existence et les affirmations de la foi chrétienne.

1. Les questions de la théologie évangélique

En suivant Tom Julien, nous pouvons proposer que l’essentiel de la théologie évangélique se résume en trois grandes questions, qui procèdent d’une compréhension biblique de l’Evangile chrétien :

  1. Qui est Dieu ?
  2. Qui est l’homme ?
  3. Comment l’homme peut-il connaître Dieu ?

Une réponse schématique simple à ces trois questions permettra de structurer la théologie évangélique.

A la question : « Qui est Dieu ? », nous répondrons : « Dieu est le créateur éternel de l’univers ».
A la question : « Qui est l’homme ? », nous répondrons : « L’homme est la créature et l’image de Dieu ».
A la question : « Comment l’homme peut-il connaître Dieu ? », nous répondrons : « Par la foi en Jésus-Christ, qui est Dieu fait homme ».

2. Les catégories de la doctrine chrétienne

En suivant Cornelius Van Til, notamment dans son ouvrage emblématique « The Defense of the Faith » et dans son « Introduction to Systematic Theology » nous retiendrons 8 catégories dogmatiques principales :

  1. Prolégomènes (Méthodologie et fondements)
  2. Théologie propre (La doctrine de Dieu)
  3. Protologie (La doctrine des choses premières)
  4. Anthropologie (La doctrine de l’homme)
  5. Christologie (La doctrine du Christ)
  6. Sotériologie (La doctrine du salut)
  7. Ecclésiologie (La doctrine de l’Eglise)
  8. Eschatologie (La doctrine des choses dernières)

Nous avons ajouté une catégorie sur les « choses premières » qui nous paraît essentielle pour traiter des commencements, et nous n’avons pas retenu la catégorie dogmatique classique de « l’hamartiologie » ou doctrine du péché, qui entre pour nous essentiellement dans les champs de l’anthropologie théologique et de la sotériologie.

3. La méthode de corrélation

Si la doctrine et la philosophie doivent être pensées conjointement dans la théologie évangélique, il nous faut adopter une méthode comme celle de Paul Tillich, qu’il appelle méthode de corrélation, qui pour nous consistera à mettre en relation les questions fondamentales de la philosophie qui touchent à l’origine et la destiné de l’univers et de l’homme d’une part, et les articles fondamentaux de la foi chrétienne, tirés en principe de l’Evangile et de ses ramifications, d’autre part.

Paul Tillich a structuré sa pensée théologique systématique autour de cinq dualités théologico-philosophiques : la raison/la révélation, l’être/Dieu, l’existence/le Christ, la vie/l’Esprit, l’histoire/le royaume de Dieu. Nous reprendrons à notre compte cette division conceptuelle harmonieuse pour structurer notre exposé de la théologie évangélique, entendu qu’elle recoupe schématiquement la division des doctrines chrétiennes exposée à la section précédente :

  1. La raison et la révélation
    • Prolégomènes
  2. L’être et Dieu
    • Théologie propre
    • Protologie
  3. L’existence et le Christ
    • Anthropologie
    • Christologie
  4. La vie et l’Esprit
    • Sotériologie
    • Ecclésiologie
  5. L’histoire et le royaume de Dieu
    • Eschatologie

0 commentaires

Soumettre un commentaire