L’homme, une créature en l’image de Dieu

Le livre de la Genèse présente l’homme et la femme comme des créatures de Dieu. L’homme, créé mâle et femelle en l’image de Dieu, reflète ainsi l’unité et la multiplicité divines. A la fois créature animale et créature spirituelle, l’homme est unique comme animal spirituel, et ne peut se comprendre sur le plan théologique qu’à travers ces deux dimensions, qui articulent en lui le fini et l’infini.

1. L’homme fini créé en l’image du Dieu infini

Lorsque nous avons traité du Dieu créateur de l’univers, nous avons évoqué la création de l’homme et de la femme rapportée dans le récit du Chapitre 1 du livre de la Genèse :

Puis Dieu dit: Faisons l’homme à (en) notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à (en) l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.

Genèse, Chapitre 1, versets 26 et 27

L’homme et la femme sont ici créés « en l’image de Dieu », « selon sa ressemblance ». Plusieurs éléments sont à analyser et intégrer dans notre théologie.

1.1. Créé(s) en l’image et selon la ressemblance de Dieu

Les théologiens ont débattu pendant des siècles de christianisme sur ce qu’était cette « image de Dieu » (imago dei en latin) et ce qu’elle n’était pas, et sur son rapport à la « ressemblance » à Dieu, dont il est aussi question. Certains ont voulu établir une distinction significative entre les deux, mais il existe des arguments textuels en faveur d’un rapprochement, voire d’une identification des deux idées. Le plus simple se trouve peut-être au Chapitre 5 de la Genèse, lorsque la même idée est reprise dans le contexte de la généalogie d’Adam et Eve :

Voici le livre de la postérité d’Adam. Lorsque Dieu créa l’homme, il le fit à (en) la ressemblance de Dieu. Il créa l’homme et la femme, il les bénit, et il les appela du nom d’homme, lorsqu’ils furent créés. Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à( en) sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth.

Genèse, Chapitre 5, versets 1 à 3

Dans ce texte, la création de l’homme « à l’image de Dieu » est remplacée par sa création « à la ressemblance de Dieu », ce qui montre l’équivalence des deux idées. De plus, Adam transmet cette ressemblance à sa descendance, son fils étant engendré cette fois-ci « à sa ressemblance » (comparer « à notre image », 1,26) et « selon son image » (comparer « selon notre ressemblance », 1,26) : même l’usage des prépositions est interverti (« en » ou « à » = ב, « selon » = כ en hébreu), ce qui souligne qu’il ne faut pas y voir non plus des éléments techniques servant à distinguer trop les deux.

Ainsi, il nous semble qu’il faut comprendre ensemble ces deux expressions, « en notre image » et « selon notre ressemblance », comme disant essentiellement la même chose, de manières différentes et complémentaires. Pour le dire simplement, Dieu a voulu que l’homme lui ressemble et soit une représentation de lui dans le monde, ce qu’est précisément une image.

1.2. Qu’est-ce que l’image de Dieu ?

Puisque « Dieu est esprit » et ne possède donc pas de nature corporelle, certains ont voulu voir la ressemblance de l’homme à Dieu dans la dimension spirituelle de son être. Pourtant, les anthropomorphismes dénotant dans l’Ecriture les attitudes et actions de Dieu figurent toutes les dimensions de l’être de l’homme. Il nous semble donc qu’il faille considérer que l’être entier de l’homme est à l’image de Dieu, et que son corps lui-même participe à cette ressemblance :

  • de même que Dieu connaît toutes choses (omniscience), l’homme peut connaître certaines choses par la perception des sens et par la conception de l’esprit
  • de même que Dieu est présent en toutes choses et même que toutes choses « sont en lui » (omniprésence), l’homme est présent à certaines choses par son corps qu’il habite dans le monde et dans lequel il habite le monde
  • de même que Dieu peut agir sur toutes choses (omnipotence), l’homme peut agir sur certaines choses par l’usage intentionnel de son corps
  • de même que Dieu exerce sa volonté sur toutes choses, l’homme peut exercer sa volonté sur certaines choses, et notamment sur lui-même et sur ses propres instincts.

Ainsi, la création de l’homme en l’image de Dieu signifie à notre sens que l’homme est une représentation finie de Dieu dans le monde créé, où il peut exprimer par analogie les différentes dimensions de l’existence divine dans les limites d’une créature, au sein d’un univers créé. Et c’est en retour parce que l’homme est créé à la ressemblance de Dieu, que par analogie « inverse » il peut connaître et comprendre quelque chose de Dieu à qui il ressemble, même s’il faut chercher en Dieu l’original infini de ce qu’on trouve en l’homme, plutôt que de le concevoir à l’image de l’homme.

1.3. Créés au singulier et au pluriel : la projection finie de l’un et du multiple divins

Si l’homme, au sens générique, est créé en l’image de Dieu, c’est-à-dire comme une représentation finie de Dieu, il l’est à la fois en tant qu’individu et en tant que couple. En effet, en Genèse 1,26-27 (cité plus haut), l’intention formulée par la divinité est de créer l’homme (au singulier) à son image. C’est ainsi qu’Adam, le premier individu (mâle) de l’espèce humaine, est créé avant Eve, comme il est rapporté cette fois-ci au Chapitre 2 de la Genèse :

L’Eternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant.

Genèse, Chapitre 2, verset 7

Selon ce récit complémentaire au récit de la création du monde (Genèse 1,1 à 2,3), c’est seulement après que l’homme eut été placé dans le jardin d’Eden pour y recevoir les premiers commandements de Dieu (Genèse 2,8-17), et qu’il eut exercé sa domination sur le règne animal en nommant les autres espèces (Genèse 2,18-20), que la première femme fut créée :

Alors l’Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! on l’appellera femme parce qu’elle a été prise de l’homme.

Genèse, Chapitre 2, versets 21-23

Le processus même par lequel Adam découvre sa solitude participe à la prise de conscience de son besoin et de la providence de Dieu (verset 23), mais la contingence historique de ces deux actes de création distincts, révélée par ce second récit, ne doit pas occulter l’affirmation qu’on trouve dans le premier récit en Genèse 1,27 : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » Si Dieu, qui est à la fois un et multiple (voir Le Dieu créateur de l’univers), a créé l’homme (au singulier) à son image, il l’a aussi créé multiple, c’est-à-dire « homme et femme », ou « mâle et femelle ». Ainsi, l’individu Adam représente à la fois le premier homme, créé en l’image de Dieu, et l’humanité dans un sens générique, de sorte qu’Eve, la première femme créée, en aussi créée en l’image de Dieu, parce qu’elle a été faite d’Adam. C’est ce que confirme le livre de la généalogie d’Adam lorsqu’il énonce « Il créa l’homme et la femme, il les bénit, et il les appela du nom d’homme, lorsqu’ils furent créés » (Genèse 5,2) : ils sont tous les deux appelés du nom d’homme (« Adam ») au singulier. En somme, dans la création de l’homme, le caractère à la fois un et multiple de la divinité est imprimé en l’image de Dieu : la différentiation sexuelle de l’homme et de la femme est une expression intentionnelle de la différentiation interpersonnelle au sens de la divinité, et possède donc une signification spirituelle fondamentale.

2. L’humanité : animalité et spiritualité

2.1. L’animalité de l’homme

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