Le Dieu infini, créateur de l’univers

Dans la foi chrétienne, nous trouvons en Dieu le créateur éternel de l’univers et l’origine personnelle de l’homme. La création et les créatures sont donc conçues comme finies, corrélativement au Dieu révélé comme infini, personnel et bon.

1. L’enseignement du livre de la Genèse

Le livre de la Genèse enseigne que tout ce qui existe a été créé par Dieu.

1.1. Existence humaine et origine de l’univers

Notre existence humaine dans l’univers est un fait, qui nous est donné sans interprétation. Dans notre conscience de ce fait nous cherchons un sens à notre propre existence et une origine à l’univers.

Dans la foi chrétienne, nous allons chercher les réponses à ces questions dans les affirmations de la Révélation, à savoir principalement dans le texte biblique. Or, le livre de la Genèse, premier livre de l’Ancien Testament et donc de la Bible protestante, propose déjà un récit des origines ou des commencements des multiples éléments structurant la réalité.

1.2. Les notions corrélatives de création et de créateur

Dans le premier chapitre de la Genèse, nous sommes d’emblée confrontés à une affirmation radicale :

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.

Genèse, Chapitre 1, verset 1

L’expression « les cieux et la terre » désigne selon nous la totalité de ce que nous appelons « l’univers ». Selon le livre de la Genèse, rien de ce qui existe n’est donc le fruit du hasard, mais « toutes choses » proviennent d’un acte de création.

Le texte sépare d’emblée Dieu, qu’il présuppose, de l’univers, qu’il a créé. La notion de création est donc corrélative de celle de Créateur.

1.3. Concevoir Dieu par analogie à partir de notre expérience

Dans les conditions finies de notre existence, c’est en effet à partir de notre expérience que nous pouvons concevoir Dieu, par analogie, et d’abord comme créateur. Ainsi, (re)connaître Dieu comme créateur et (re)connaître l’univers comme création sont indissociables, même si nous pouvons caractériser Dieu en lui-même (théologie propre).

La première chose que nous lisons sur la divinité chrétienne dans l’Ecriture, c’est donc qu’elle a posé dans l’être l’univers que nous connaissons, et tout ce qu’il contient, et notamment le cosmos, la terre, les plantes, les animaux et l’homme.

1.4. L’éclairage du Nouveau Testament

Ce motif métaphysique de la création de l’univers et de l’homme est structurant pour tout le discours théologique, et est repris constamment dans les Ecritures. En particulier, le Nouveau Testament attribue la création au Fils de Dieu :

Au commencement était le Logos, et le Logos était avec Dieu, et le Logos était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. 

Evangile selon Jean, Chapitre 1, versets 1 à 3

Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde.

Epître aux Hébreux, Chapitre 1, versets 1 et 2.

Or, la création comprend le monde « visible », celui de l’univers que nous connaissons, et le monde « invisible », celui des créatures angéliques, dont nous admettons l’existence par la foi :

Car en lui [le Fils] ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. 

Epître de Paul Aux Colossiens, Chapitre 1, verset 16

2. L’infinité du Dieu créateur

La création renvoie à une révélation de Dieu comme un être infini dans toutes ses dimensions

En disant que Dieu est infini, on entend qu’il n’est limité par aucune dimension ayant trait aux choses visibles, c’est-à-dire aux choses de l’univers, à savoir l’espace, le temps, le corps ou la causalité. Or, ces dimensions sont celles de la création : c’est pourquoi on considère corrélativement que les créatures sont finies. L’Ecriture le dit par exemple en l’évangile selon Jean en parlant de la « spiritualité » de Dieu :

Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.

Evangile selon Jean, Chapitre 4, verset 24

Sur le plan théologique, la distinction entre le créateur et la créature/création peut donc se concevoir plus philosophiquement ou mathématiquement comme une distinction ontologique (relative à l’être) entre l‘infini et le fini.

2.1. Dieu est éternel

En particulier, nous apprenons de l’Ecriture que Dieu est éternel, c’est-à-dire qu’il n’est pas limité par le temps, ne possédant pas non plus de commencement ni de fin. Nous lisons par exemple au Psaume 90 :

Seigneur ! Tu as été pour nous un refuge, de génération en génération. Avant que les montagnes fussent nées, et que tu eusses créé la terre et le monde, d’éternité en éternité tu es Dieu.

Psaume 90, versets 1 et 2

Mais lorsque nous disons que Dieu est « Eternel », nous ne signifions pas qu’il existe « depuis toujours » et « pour toujours » dans une conception du temps qui serait celle de l’univers créé. Nous voulons dire que les dimensions de son être transcendent, c’est-à-dire dépassent, la dimension temporelle même de tout ce qui est fini, puisque le « temps » que nous connaissons est un aspect de la création.

2.2. Dieu est omniprésent

Nous apprenons également que Dieu est omniprésent, n’étant pas limité par l’espace des choses qu’il a créé, et étant présent en toutes ces choses et en tout point de l’espace. Nous lisons par exemple au Psaume 139 :

Où irais-je loin de ton esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? Si je monte aux cieux, tu y es ; si je me couche au séjour des morts, t’y voilà. Si je prends les ailes de l’aurore, et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. Si je dis : au moins les ténèbres me couvriront, la nuit devient lumière autour de moi ; même les ténèbres ne sont pas obscures pour toi, la nuit brille comme le jour, et les ténèbres comme la lumière.

Psaume 139, versets 7 à 12

Si l’espace est une dimension de l’univers créé, comme pour le temps l’omniprésence de Dieu ne signifie pas que les dimensions de son être excèdent les dimensions spatiales de la création, mais qu’elles les transcendent également. D’ailleurs, l’apôtre Paul, s’adressant aux Athéniens, renverse la comparaison en fondant l’être de toutes choses en Dieu lui-même, le considérant ainsi comme leur environnement ultime :

Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure; il a voulu qu’ils cherchassent le Seigneur, et qu’ils s’efforçassent de le trouver en tâtonnant, bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l’être.

Actes 17, versets 26 à 28

2.3. Dieu est omniscient

En ce qui concerne la connaissance, l’Ecriture déclare Dieu « omniscient », c’est-à-dire connaissant toutes choses, et même avant qu’elles adviennent, comme on lit par exemple dans l’épître aux Hébreux :

Nulle créature n’est cachée devant lui, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte.

Epître aux Hébreux, Chapitre 4, verset 13

ou au Psaume 139 :

Eternel! tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée; tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n’est pas sur ma langue, que déjà, ô Eternel! tu la connais entièrement. Tu m’entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi.

Psaume 139, versets 1 à 5

Nous ne parlons ici que de l’univers créé, et réservons la question de la connaissance que Dieu a de lui-même à un article sur la Trinité. L’omniscience divine se comprend notamment à travers la prescience divine, par laquelle tous les actes libres des créatures rationnelles sont connus d’avance à Dieu. Et comme pour l’espace et le temps, la volonté divine transcende ces actes libres, de sorte qu’ils n’échappent pas non plus à son conseil éternel, c’est-à-dire à la raison divine qui préordonne toutes choses pour les mettre en oeuvre, ce que nous lisons par exemple dans l’épître de Paul aux Ephésiens :

En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté, afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui d’avance avons espéré en Christ.

Ephésiens, Chapitre 1, versets 11 et 12

2.4. Dieu est omnipotent

En effet, l’Ecriture reconnaît amplement que rien ne s’oppose à la volonté divine, autrement dit que Dieu est « omnipotent », c’est-à-dire capable de toutes choses, qui existent et adviennent selon qu’il en a décidé. Cela ne doit toutefois pas être compris comme une capacité à faire « n’importe quoi », par exemple quelque chose d’illogique ou irrationnel, ou contraire à sa propre nature : Dieu est capable de tout ce qui est conforme à sa nature et à sa volonté. Nous lisons par exemple au livre de la Genèse :

Lorsqu’Abram fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l’Eternel apparut à Abram et lui dit : Je suis le Dieu Tout-puissant. Marche devant ma face et sois intègre.

Genèse, Chapitre 17, verset 1

et dans la seconde épître de Paul à Timothée :

Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même.

1ère épître de Paul à Timothée, Chapitre 2, verset 13

En particulier, cette volonté divine à laquelle rien ne résiste, et qui est qualifiée parfois de « souveraine » dans la théologie, ne s’oppose pas à la liberté des créatures rationnelles que sont les hommes et les anges. Ce point suscite toujours des interrogations légitimes sur l’articulation entre la liberté infinie du créateur et la liberté finie de la créature, et nous en traiterons plus amplement avec la question de la prédestination.

3. La nature personnelle du Dieu créateur

La création renvoie à une révélation de Dieu comme un être personnel à la fois un et multiple.

Un premier récit de la création de l’homme et de la femme est donné au Chapitre 1 du livre de la Genèse :

Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.

Genèse, Chapitre 1, versets 26 et 27

3.1. Dieu est un être personnel

Bienvenue sur Le Logos et la Croix ! Pour lire les articles en intégralité, merci de vous connecter. Si ce n'est déjà fait, vous pouvez vous inscrire librement ici.


Retrouvez l’article en vidéo sur YouTube – Le Logos et la Croix

0 commentaires

Soumettre un commentaire